L’Onciale

L’Onciale



L’onciale est une lettre d’une exceptionnelle puissance évocatrice. Elle est une graphie particulière des alphabets latin et grec utilisée du IIIe au VIIIe siècle.

Née du système de l’Epitome, dont elle conserve la robustesse et le puissant contraste entre pleins et déliés, elle n’en a pas moins occupé une place essentielle car elle s’impose dès le IVe siècle, comme la graphie de prédilection des ouvrages de luxe et des textes sacrés.

Types du De Bellis du 1er siècle et de l’Epitome du IIIe siècle d’après J.Mallon

“Ce post est nouvellement créé, il sera mis à jour assez souvent jusqu’au moment où il sera terminé et que ce message aura disparu. – Mars 2019”

Histoire

Avant la chute en 476 de l’Empire romain, le christianisme est proclamé religion officielle en 381. Face à la lente désagrégation de l’empire et aux incursions barbares, les moines, dans les monastères, copient les textes bibliques et évangéliques afin d’assurer la préservation des textes sacrés. Ils sont composés en onciale, lettres aux formes rondes, souples et majestueuses. La volonté est de différencier les textes divins de l’écriture populaire. L’onciale évolue en différentes phases : l’onciale romaine (IVe et Ve siècles), l’onciale classique (VIe siècle) et l’onciale tardive (VIIe au IXe siècle).

C’est surtout pour l’alphabet latin que le terme est adapté. En effet, le mot oncial(e) y désigne un type précis de graphie, qui se développe entre les IIIe et IVe siècles de l’ère chrétienne, à partir de la majuscule quadrata et de l’ancienne cursive romaine. C’est l’écriture par excellence des codex, adaptée à la plume car bien moins anguleuse que la quadrata, qui est (encore actuellement) celle des inscriptions.

L’onciale est restée en vigueur jusqu’au début du IXe siècle, à partir duquel la minuscule caroline tend à la remplacer. Entre les VIIIe et XIIIe siècle, elle est surtout conservée pour tracer les débuts de livres, de chapitres ou de sections, à la manière de nos majuscules, dans les manuscrits en minuscule caroline ou en gothique, deux graphies qui lui doivent certaines formes, comme celles du d” ou du a”.

Bien que le plus souvent cantonnée après son âge d’or à un rôle ornemental, l’onciale a cependant continué d’être employée pour des codex entiers bien après ; seule l’imprimerie l’a définitivement fait disparaître des usages courants ; elle est toutefois encore très prisée des calligraphes.

La graphie nommée semi-onciale n’est pas dérivée de l’onciale, mais de la nouvelle cursive romaine. Les écritures nationales développées après la chute de l’Empire romain (lombarde, wisigothique, mérovingienne, insulaire, etc.) sont principalement issues de cette nouvelle cursive ou de la semi-onciale pour les écritures insulaires (irlandaise et anglo-saxonne).

Exemples d’onciales d’époque

Voici un exemple d’écriture Onciale Romaine.
De re publica. Vers fin du IVe.

Voici un exemple d’écriture Onciale vers 700.
Codex Amiatinus. Biblia Sacra.

Voici un bel exemple d’écriture Onciale tardive.
Fragment des Évangiles, Mathieu, VIIIe siècle.

l'onciale tardive

À propos du mot oncial(e)

Le mot français vient de l’adjectif latin uncialis, qui signifie « d’un douzième ». À l’origine, il s’agirait de caractères d’un douzième de pied, soit d’un pouce, avant de désigner des lettres plus petites. C’est chez saint Jérôme qu’on trouve une première attestation du terme, dans sa préface à sa traduction du Livre de Job :

« Habeant qui volunt veteres libros, vel in membranis purpureis auro argentoque descriptos, vel uncialibus ut vulgo aiunt litteris onera magis exarata quam codices. »

Et la traduction :

« Il y en a qui veulent de vieux livres, soit en parchemin coloré de pourpre et aux lettres tracées à l’or et à l’argent, soit en onciales, comme on dit couramment, qui sont plus des fardeaux écrits que des codex ».

Il semble qu’il ne faille voir là qu’un terme désignant tout type de grandes lettres (majuscules) et non pas précisément l’onciale. Il faut attendre Charles-François Toustain et René Prosper Tassin (au XVIIIe siècle) pour qu’onciale se spécialise dans le sens actuel.

Le mot permet aussi de désigner des codex (le plus souvent chrétiens) écrits dans cette graphie ou du moins dans des lettres capitales grecques, par opposition aux cursives, écrits en minuscules grecques. On connaît de nombreux codex en onciales, dont :

Les Codex : Vaticanus // Sinaiticus // Alexandrinus
Coislinianus //  Bezae // Petropolitanus


Démonstration : L’Onciale Romaine

Voici un exemple vidéo d’un de mes exercices d’écriture de l’Onciale Romaine.

Vous verrez ici, un titre, un abécédaire, deux écrits de taille différentes et enfin la traduction de ces derniers. Bonne vidéo 🙂

Un tableau reprenant les outils et matériaux utilisés dans la démonstration.

Plumes & encres

Photographies des plumes avec le détail
de leur coupe et de leur taille

• Plume de dindon
plume_dindon
• Plume d’oie blanche
plume_oie_blanche
• Plume d’oie grise
plume_oie_grise
• Encre ferrique artisanale

L’Onciale Romaine : Exercice

Ce type d’onciale romaine (dans la vidéo) date de la fin du IVe siècle. Les traits sont calligraphiés sans fioritures.

Pratiquer cette graphie est un bon exercice pour apprivoiser la gestuelle qui lui est propre. Effectivement, elle va vous forcer à ralentir vos gestes pour tenter d’avoir des formes les plus rondes et douces possibles. Elle ne nécessite pas de “tournés de plume” décoratifs et son ductus est assez simple et se caractérise par l’absence de minuscules.

Les capitales qui apparaissent en début de texte ou pour les titres, sont formées par des lettres du même alphabet mais de plus grand format. Les interlignages pourront être étroits grâce à la structure capitalisée de l’onciale.

Spécificités  de l’écriture :

Corps de la lettre : 5 becs de plume
Hastes et hampes : 1 bec de plume
Angle d’écriture :  de 20° à 50° (L’onciale demande des changements d’angle en fonction des tracés comme pour les lettres obliques : A, N, X, Y, Z.)

Le “A” ne possède pas de barre transversale. Le “B” et le “C” sont capitales. Le “Dest rond et muni d’un appendice vers la gauche et est très caractéristique de l’Onciale. Le “Eest un demi-cercle barré par un trait horizontal. Le “G” possède une barre qui dépasse de la portée inférieure. Le “Hest minuscule.  Le “L” dépasse de la ligne supérieur et peut être tracé avec un ou deux traits. Les “M“, “I” et “U” présentent des formes qui s’intègrent particulièrement au rythme onciale. La panse du “O” donne un rond parfait. Le “P“, le “Q” (qui est minuscule) et le “R” dépassent de la ligne inférieure. Le “S” a un fût plutôt diagonal. Le “T” demande deux angles différents. Le “U” est très rond. Le “X” qui peut descendre sous la portée de manière graphique, tout comme le “R” final qui ornera les blancs en fin de phrases.

Les lettres J, K, V, W sont des ajouts tardifs et n’existaient pas à leur époque.

La ponctuation : 

La ponctuation est présente dans les manuscrits en onciale ; la virgule se note à l’aide d’un point à mis hauteur de la ligne, le point par deux points et la fin d’un paragraphe par deux points et un tiret ou par trois points déposés en triangle. Le point d’interrogation se présente sous la forme d’un S couché horizontalement.

Les ligatures : 

Les ligatures sont peu nombreuses, tout comme les lettres accolées. Elles se réduisent à AE, IS, UNT.


Voici un abécédaire de l’onciale romaine réalisé avec une plume d’oie taillée en bec biseauté droit de 2 mm (dindon de 4 mm pour le titre).

abécédaire l'onciale romaine


Démonstration : L’Onciale Classique

 L’Onciale Classique : Exercice

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Sources : oncialewiki


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